En France, l'accessibilité culturelle des Personnes en Situation de Handicap (PSH) est définie comme un droit fondamental.

Pourtant, plus de quinze années après la promulgation de loi du 11 février 2005 "pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées", l'accès à l'expérience musicale en concert des personnes sourdes ou malentendantes n'est toujours pas garanti.

Chez ces populations minoritaires, aux réalités très différentes et souvent en lutte permanente pour vivre dans une société centrée sur l'audition et sur la communication par la parole, ce déficit d'accès concerne non seulement leur participation en tant que public, mais également aux pratiques artistiques en tant que compositeurs ou musiciens.

Fabricants d'équipement, distributeurs, chargés d'accueil des publics ou encore artistes, nous sommes tous des maillons d'une même chaîne au service des publics. Sans coopération entre les un et les autres, l'accès à la musique est compromis.

D'une part, sans une équipe bien formée, un travail de médiation culturelle, d'information et de communication adaptés en amont, l'équipement matériel ne sert à rien. L'usage des gilets vibrants dans le cadre de l'accès des publics sourds ou malentendants aux concerts, bien que tendance depuis plusieurs années, en est un exemple.

D'autre part, en dédiant cet usage à des publics désignés comme utilisateurs uniques ou prioritaires au détriment du plus grand nombre, le caractère visuel et distinctif de cet équipement participe paradoxalement à leur stigmatisation. En soulignant leur écart par rapport à une norme dominante, cet usage s'éloigne diamétralement de la volonté de faire de l'inclusion le modèle social en vigueur.

Cette situation contribue à maintenir l'existence de discriminations et d'inégalités dans l'accès à la culture et à l'expérience de la musique. Les personnes sourdes ou malentendantes ne viennent que rarement dans les lieux de concert, voire n'y viennent pas du tout.

Pour ce qui est des technologies audiotactiles actuelles, étant insuffisantes à elles seules et trop limitées techniquement pour proposer une expérience inclusive et égalitaire, celles-ci ne sont que rarement utilisées et restent la plupart du temps inactives. Du point de vue de l'environnement et face aux enjeux climatiques actuels, fabriquer des technologies qui ne servent pas, et donc produites pour rien est un non-sens.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu'il y aura un milliard de personnes sourdes ou malentendantes en plus dans le monde d'ici à 2050, renforçant au passage l'enjeu de répondre efficacement au besoin de pleine participation de ces personnes.